La cyclo-logistique, une solution pour une livraison urbaine plus responsable ?

La croissance vertigineuse du e-commerce en France et dans le monde a révolutionné les comportements des acheteurs et la vente au détail. La crise sanitaire a amplifié cette tendance, les commerces traditionnels s’étant eux-mêmes lancés dans l’e-commerce et dans le click and collect. Selon la Fevad (Fédération du E-commerce et de la Vente à Distance) les Français ont dépensé 129 milliards d’euros sur internet au cours de l’année 2021, ce montant représentant une hausse de 15,1% sur l’année.

Pour répondre à cette évolution des usages, la logistique urbaine se développe, en proposant de nouvelles solutions de proximité innovantes, prenant en compte les enjeux environnementaux et sociétaux. Parmi elles, la livraison d’hyper proximité à pied ou en triporteur communément appelée cyclo-logistique.

Ce nouveau mode de livraison, plus écologique et adapté aux centre-ville a tout d’une véritable révolution ! Constitue-t-il un simple effet de mode ou une réelle perspective d’avenir pour les enjeux futurs de la logistique ?

Qu’est-ce que la cyclo-logistique ?

La cyclo-logistique désigne l’ensemble des solutions permettant le transport et la livraison de marchandises à vélo. Parfois appelée vélo-logistique ou cargo-logistique, elle regroupe les moyens de livraison suivants, particulièrement adaptés en logistique urbaine : vélo, vélo cargo, biporteur, triporteur, quadricycle, remorque etc.

Ces moyens de transports légers et polyvalents permettent des livraisons rapides, non-polluantes et perturbant peu les centre-villes des grandes métropoles. Ils peuvent ainsi circuler 60 % plus vite qu’un camion en ville et entrer dans les Zones à Faibles Émissions (ZFE).

La cyclo-logistique permet de répondre aux nouveaux enjeux logistiques créés par les évolutions du e-commerce. Ce mode de livraison permet en effet la livraison de multiples petits colis dans différents points de collecte ou chez le client particulier.

La cyclo-logistique : une réponse à l’urgence écologique ?

Les flux logistiques B2C représentent désormais 20 % des flux de marchandises en zone urbaine, avec une croissance annuelle d’environ 10 %.

Dans Paris par exemple, le transport et la livraison de marchandises représentent 20 % du trafic automobile, mais près de 45 % des particules fines émises par le trafic routier.

La livraison de colis et de marchandises est l’un des principaux facteurs d’engorgement des voies de circulation urbaines, mais génère aussi une pollution atmosphérique problématique. Selon le groupe La Poste, 48 000 personnes en France seraient décédées des suites de maladies liées à la pollution atmosphérique en 2019. Un chiffre à corréler au fait que 30 % de la pollution de l’air est causé par la logistique.

Avec ses modes de mobilité dite “douce”, la cyclo-logistique a donc de quoi séduire, en apportant des solutions écologiques et plus respectueuses de l’environnement.

Livraison en vélo : une opportunité économique pour les entreprises

La cyclo-logistique ne permet pas uniquement de limiter l’impact environnemental des livraisons e-commerce. Elle permet également de décongestionner les routes, mais aussi d’accélérer la livraison du dernier kilomètre, étape finale du processus de livraison d’un produit, vers le lieu de réception final sélectionné par le client. Ce dernier kilomètre représente des enjeux logistiques importants en termes de gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Le journal Les Echos rapporte que le chiffre d'affaires global de la livraison du dernier kilomètre croît de 10 % chaque année, pour atteindre 2,6 milliards d’euros en France en 2025, selon les projections.

L’enjeu pour les entreprises est donc de livrer chaque produit le plus rapidement et efficacement possible, tout en optimisant les coûts. La cyclo-mobilité est une parfaite réponse à cet enjeu, en permettant d’accélérer les délais de livraison du dernier kilomètre, tout en réduisant les coûts qui y sont liés.

Le rôle de l’Etat pour favoriser la cyclo-logistique dans le secteur public et privé

Après le lancement du plan de vélo en 2020, le Gouvernement français a mis en place en 2021 un plan national pour la cyclo-logistique. Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues du transport de marchandises et pour faire émerger ce nouveau secteur d’activités porteur, 12 millions d’euros sont ainsi consacrés à la cyclo-mobilité professionnelle.

Un des axes de ce plan prévoit la mise en place de clauses cyclo-logistiques spécifiques aux marchés publics. Celles-ci incluent notamment le développement de pistes cyclables et la création de hubs cyclo-logistiques, en accord avec les collectivités locales.

Les services numériques, étroitement liés aux questions logistiques, sont également au cœur de ce plan. Des appels à projets et investissements visant à promouvoir le développement d’applications dédiées aux activités cyclo-logistiques sont ainsi prévus.

En regard de l’axe dédié aux marchés publics, une partie des 12 millions d’euros seront aussi consacrés à la cyclo-mobilité professionnelle auprès des micro-entrepreneurs ou des candidats à la création de micro-entreprises.

Voici quelques exemples de dispositifs développés au sein du plan national pour la cyclo-logistique :

Le dispositif ColisActiv

Financé grâce aux Certificats d’Économie d’Énergie, il prévoit d’encourager les opérateurs cyclo-logistique en leur versant une prime pouvant aller jusqu’à 2 € par colis livré pour les 500 000 premières livraisons la première année, puis jusqu’à 1,5 € jusqu’à 1,5 million de colis la deuxième années

le programme V-Logistique

Il facilite l’acquisition de vélos à assistance électrique (VAE) pour les professionnels de la livraison. Les achats de vélos-cargos seront également éligibles à la prime à la conversion.

Comment adapter la logistique traditionnelle à la cyclo-mobilité ?

Si la cyclo-logistique présente bien des avantages, elle n’offre pas de réponse à tous les types de livraisons, notamment celles de colis encombrants et lourds.

Il est aussi essentiel de prévoir sa jonction avec le transport routier et les trains postaux, ainsi que sa cohabitation sécurisée aux côtés de différents modes de livraison au sein d’un même entrepôt.

Dans les faits, le développement de la cyclo-logistique peut être freiné par le manque de locaux pour organiser le tri et la distribution des colis dans les zones urbaines.

Chronopost : acteur précurseur de la cyclo-logistique

Pour répondre aux besoins croissants et répondre aux nouvelles attentes des clients, Chronopost développe depuis plusieurs années de nouvelles méthodes, avec de réels engagements concrets pour la planète.

Une flotte de plus de 1 000 véhicules à faibles émissions circulent ainsi en France, pour assurer des livraisons rapides et moins polluantes.

Pour répondre aux enjeux multiples du dernier kilomètre, Chronopost développe également des sites logistiques de proximité en zones urbaines. Ces sites permettent d’optimiser les flux au plus près des points de livraison et de collecte, réduisant ainsi de 20 % les distances parcourues.

Depuis septembre 2019, les livraisons vertes fleurissent à Paris, Chronopost y ayant déployé une flotte de véhicules propres. Au départ de sept Espaces Logistiques Urbains, Chronopost livre en véhicules électriques, mais aussi à vélo-cargo, en triporteurs ou en trolley à pieds.

Cette initiative permet de réduire 87 % des émissions de Co2 soit 560 tonnes de Co2 évitées. Un bel exemple des impacts positifs de la cyclo-logistique !